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Voyage jusqu'à Guatemala Ciudad. ( Page 1 )

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Mercredi 14 février 2001.

San Sebastian - Mexico.

Je dois partir à 9h35 de Fontarabie. Serge et Pierrot m’accompagnent à l’aéroport. On a du mal à se garer sur le parking, car il y a des travaux et un monde fou à l’heure de l’avion de Madrid… Serge et Pierrot sont tout excités comme si c’était eux qui partaient. Moi, je suis le seul en short et en T-shirt, mais c’est normal, je me mets en tenue dès le départ, c’est toujours comme ça quand je pars en exploration sous les tropiques ! Mon sac à dos ne pèse que deux kilos, et je ne tiens pas à m’encombrer avec du linge d’hiver ! Alors bien sûr, au début du voyage, j’ai un peu froid aux rotules !

Je ne vois pas passer les trente-cinq minutes de voyage entre Fontarabie et Madrid… Heureusement que j’avais bien déjeuné à l’aéroport, car on ne nous offre qu’une minuscule gaufrette, même pas un jus de fruit !

À Madrid, je dois attendre une heure et demie, alors je m’assieds, et je mets un peu d’ordre dans mes « documents de voyage »… Je prends mon temps. Quand je me soucie enfin de savoir où je dois enregistrer pour partir au Guatemala, on me dit de « faire vite », de sortir du hall, de prendre un bus jusqu’au « terminal 1 ». Autrement dit, il me reste environ une heure avant le départ, mais je suis un peu « à la bourre ». Il y a une telle queue pour prendre la navette que je vais au « terminal 1 » à pied à travers halls et escalators, en courant sur les tapis roulants qui n’en finissent plus…

L’avion de la compagnie Iberia décolle comme prévu à treize heures, mais nous partons pour Mexico, car l’avion de Guatemala a « quelques problèmes » Bon ! le voyage sera un peu plus long, c’est tout ! Durant le vol, j’ai tout le temps de digérer un copieux plat de lazagnes qui n’a rien d’espagnol, le vino tinto fort acceptable, et le champagne « Codorniu » qui sent un peu les œufs couvés. La nourriture, dans les avions, n’est pas toujours très bonne, mais on n’est pas là en voyage gastronomique, et de toutes façons, si on compare avec les sandwiches vendus dans nos trains, c’est du premier choix ! D’ailleurs, je suis content !

Pendant onze heures trente, entre Madrid et Mexico, on voyage volets fermés pour ne pas gêner ceux qui regardent le film. On ne sait plus si c’est le jour ou la nuit. Je dors bien un petit peu, mais quand nous arrivons à dix-huit heures trente heure locale, il est une heure du matin pour moi, et je suis complètement déphasé. Nous survolons la plus grande ville du monde : Mexico, rougie par les teintes chaudes du couchant. Des quartiers populaires, des autoroutes, des avenues encombrées des immeubles… ça n’en finit pas ! l’aéroport est situé pratiquement au centre ville de cette mégapole de vingt et un millions d’habitants !

Dans l’aéroport, c’est le plus grand désordre : personne ne sait où il va, et les employés n’en savent pas plus que nous. Je réussis à trouver le guichet de « Mexicana » qui doit nous convoyer jusqu’à Guatemala… Les employés me disent de passer d’abord la police, et ce n’est pas logique puisque je suis en transit, mais ils ne veulent pas me donner ma carte d’embarquement. Les ordres sont les ordres… Je commence à faire la queue : il y a un monde fou, et je me prépare à rester debout pendant une heure ou deux. Je reviens au guichet de Mexicana pour leur signaler l’absurdité de la situation… ils ne savent pas et ne veulent pas savoir. Par chance, un nouveau guichet de contrôle des passeports ouvre. Je fais une demi-heure de queue et le policier me dit que évidemment, je ne dois pas entrer au Mexique si je suis en transit ! Les employés de Mexicana sont noyés, dépassés, ils ont des listes de passagers, mais ils ne savent pas qui est qui… Ils font l’appel comme des pions d’internat, cochent des noms, ne savent plus où ils en sont ! Notre escale à Mexico n’était pas prévue, et il en faut moins que ça pour les déstabiliser ! Rien ne sert de s’énerver : je reste avec des Danois jouant de l’accordéon dans la salle d’embarquement ; J’ai droit au dernier tube : « sous les ponts de Paris ».

Nous finissons par décoller à 21h30. Alors, le survol de la capitale est une féerie ! Un océan de lumière, un monde phosphorescent… même les collines étincellent à l’horizon ! Je n’arrive plus à évaluer notre altitude, et j’ai l’impression que l’aile de l’avion va balayer ces lumières et les souffler comme de vulgaires chandelles…

Une heure quarante de vol, repas frugal mais suffisant, et c’est l’arrivée à Guatemala Ciudad. La ville est plus morcelée et plus petite que Mexico : on voit une alternance d’îlots de lumière et de trous noirs… il est vingt-trois heures trente ; Heureusement que le contrôle de police est rapide, car je commence à accuser la fatigue : il est six heures et demie en Europe ! Je me retrouve devant l’aéroport, sous une sorte de préau sombre où les chauffeurs de taxis annoncent leurs tarifs quelque peu exagérés : cinquante ou soixante quetzals pour aller au centre ville. C’est la dure loi de l’offre et la demande, je n’ai pas le choix. Je monte dans un taxi qui n’a pas de compteur, et je pars pour cinquante. Le chauffeur me dit qu’une petite « propina » serait la bienvenue, mais il n’insiste pas quand il croise mon regard. Il me laisse devant l’hôtel Alameda, dans la zone 1. La rue sombre, les trottoirs noirs, la chaussée luisante dans la lumière orange des feux clignotants du carrefour voisin… rien ne m’incite à une promenade nocturne dans le quartier. Aussi, je me sens mal à l’aise quand personne ne répond lorsque je sonne à la porte de l’hôtel ! Je suis dans un polard de Gérard De Villiers ! Une enseigne lumineuse contribue à jeter une note sinistre dans ce quartier désert. C’est « l’hôtel Flower ». Le gardien m’accueille entre deux bâillements. La chambre est meublée d’un lit aux draps douteux, d’une chaise et d’une table, les toilettes sont communes, il n’y a pas d’eau… Je suis trop fatigué pour faire le difficile : il y a vingt-trois heures que j’ai quitté Hendaye !

 

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