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rue pavée à Antigua.

 

 

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Jeudi 15 février 2001.

Guatemala – Antigua – Guatemala.

À sept heures trente, la rue est un enfer : c’est à croire que les bus font un concours à celui qui pétarade le plus ! La fumée des diesels me prend à la gorge ; Effectivement, Guatemala Ciudad est bien à la hauteur de sa mauvaise réputation ! Les boutiques ouvrent leurs rideaux, les petits commerçants déballent leurs marchandises sur le bord des trottoirs. Je vais déjeuner au « Piccadilly Desayunos »,et j’achète un billet d’avion pour Flores, car c’est relativement bon marché étant donné que je gagne presque deux jours de voyage entre l’aller et le retour.

Je change d’hôtel, car je ne peux rester dans cette chambre minable aux murs verts pomme et aux toilettes sans eau. Je vais au Alameda, moins cher et beaucoup mieux. Je peux enfin me doucher, et avec de l’eau tiède en plus ! Bien sûr, il ne faut pas être trop tatillon pour la sécurité, car la pomme de douche est équipée d’un système chauffant électrique dont la seule vue ferait bondir un électricien : fils dénudés, branchements bricolés… Je n’ose pas trop penser au danger d’une installation aussi farfelue !

Pour meubler ma journée, je pars à la Antigua Guatemala en bus. Une heure d’autoroute, c’est supportable. Vers la fin du parcours, nous entamons une longue descente à fort pourcentage. Le moteur hurle, les freins fument, et je pensais qu’on allait s’asphyxier dans le bus, tant ça sentait les garnitures de freins surchauffées !

Antigua est une ville aux maisons basses, aux rues tracées au cordeau, bien à l’équerre, une de ces villes coloniales qui ont vu leur gloire s’effondrer un jour où la terre se mit à trembler très fort. C’était au XVIII° siècle. Elle fut si dévastée que la cité devint un champ de ruines maudit, désert, durant plusieurs décennies, et qu’on décida de l’abandonner. Alors qu’elle renaissait de ses ruines, en 1976, deux nouvelles secousses, à deux jours d’intervalle eurent raison de l’acharnement des hommes. De nombreuses victimes et un nouveau champ de ruines ! pourtant, Antigua persiste à se relever… On consolide, on reconstruit, on restaure… La Merced en est un exemple criant ! Les autochtones mesurent le danger, en ce moment. Alors que la deuxième secousse tellurique vient de faire de nombreuses victimes au Salvador, les gens plissent le front devant la une de leur journal, et leur cœur est avec les victimes du pays voisin ! La ville est certainement moins attirante que Trinidad, à Cuba, les maisons sont moins belles, et il manque les vielles voitures des années soixante dans les rues : alors je suis un peu déçu. D’autant plus que le circulation n’est pas réglementée, et que les bus, les voitures, les gros 4X4 sillonnent les rues pavées avec un bruit infernal et dans un nuage de fumée horrible par moments. En Italie, on a su réserver la circulation dans le centre de la plupart des villes, aux seuls résidents, il faudrait prendre les mêmes mesures ici avant qu’il ne soit trop tard !

À Antigua de Guatemala, il faut errer le long des rues pavées, bordées de maisons basses aux façades ocre, ou même bleues ou rouges. Il faut se laisser bercer par le rythme de vie des habitants. On est dans un village… les habitants se connaissent, se saluent, plaisantent, et le « gringo » semble presque intégré, fondu dans l’ambiance, dans la couleur des façades, dans la vie qui coule. Les paysannes en tenue de gala, venues vendre leurs pièces de coton tissées, colorées, bariolées et parfois de piètre qualité, m’abordent toujours avec discrétion, presque timides : elles n’insistent pas, ne me dérangent pas !

À six heures, quand les façades prennent des teintes encore plus chaudes et que les nuages découvrent la masse imposante du volcan dominant la ville, je saute dans un car pour rentrer à Guatemala Ciudad. Nous sommes serrés comme des « Anchoas en lata ». Le moteur du car martyrisé hurle sa douleur, nous sommes à trois sur des sièges prévu pour deux, et comme les Guatémaltèques n’ont pas toujours des petites fesses, ce n’est pas toujours confortable… Les quelques petits enfants coincés entre des adultes ne bronchent pas : je n’entends jamais de gamins pleurer dans les transports en commun ! Ce n’est pas comme en France…

On arrive à « la Capital » en moins d’une heure. Je rejoins l’hôtel par les rues mal éclairées et je ne me sens pas en sécurité. Vraiment, cette ville n’est pas attirante ! Presque tous les magasins ont tiré leurs rideaux de fer, l’obscurité étouffe les silhouettes des passants, dans le halo jaunâtre des réverbères, la rue brille avec de sinistres reflets noirs… Ah non, je n’ai pas envie de sortir ! Il est sept heures et demie, je rentre à l’hôtel, je ne vais même pas dîner dans un restaurant ; la journée a été assez longue !

 

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